Dans un monde où le numérique est devenu incontournable, les réseaux sociaux jouent un rôle clé dans la communication des maisons d’édition. Mais comment construit-on une communauté engagée et quels sont les défis à relever au quotidien ? Maëlle, étudiante en Métiers du Livre et community manager chez Saltimbanque, partage son expérience. Entre gestion de contenu, adaptation aux différentes plateformes et équilibre entre vie professionnelle et personnelle, elle nous plonge dans les coulisses de son métier.

Laura : Bonjour Maëlle, j’espère que tu vas bien ! Merci d’avoir accepté cette interview.

Bonjour Laura ! Oui, super, merci !

Peux-tu te présenter rapidement ? Qui es-tu et que fais-tu au quotidien ?

Je m’appelle Maëlle, j’ai bientôt 20 ans. Je suis en deuxième année de BUT Métiers du Livre et, en parallèle, je suis community manager pour la maison d’édition Saltimbanque. Mon travail consiste à gérer la communication de la maison d’édition sur les réseaux sociaux, créer du contenu, animer la communauté et assurer une présence en ligne cohérente.

Quel rôle jouent les réseaux sociaux pour cette maison d’édition ?

Ils sont essentiels. Ils permettent de communiquer avec un large public, de se faire connaître et de mettre en avant les ouvrages, surtout à l’ère du numérique.

Aujourd’hui, les lecteurs découvrent énormément de livres via les recommandations en ligne. Donc être visible sur ces plateformes est devenu indispensable. C’est aussi un moyen d’échanger avec les lecteurs et de créer une communauté autour des publications de la maison.

Sur quelles plateformes êtes-vous actifs ?

Maëlle : Principalement sur Instagram et Facebook. On a aussi une page LinkedIn, mais elle est peu utilisée. En revanche, pas de TikTok ni de Twitter, car notre public cible étant les parents, ces plateformes ne sont pas adaptées à notre communication.

Tu gères donc tous ces réseaux ?

Oui, Insta et Facebook. On ne différencie pas le contenu, on poste les mêmes publications sur les deux plateformes. L’idée est d’optimiser notre temps et de toucher le plus large public possible sans créer du contenu supplémentaire.

Laura : Est-ce difficile d’adapter les contenus selon les plateformes ?

En théorie, oui, mais notre cible principale reste les parents, donc on adopte la même stratégie sur Facebook et Instagram. Si on s’adressait directement aux enfants ou aux adolescents, il faudrait adapter le ton et la présentation des contenus, mais ce n’est pas le cas.

Et à titre personnel, sur quels réseaux es-tu active ?

Surtout Instagram pour mon activité d’influence littéraire. J’avais TikTok, mais j’ai rapidement abandonné, car c’était trop chronophage. Je suis aussi présente sur Goodreads, Fable, et d’autres réseaux de lecture où je partage mes avis avec d’autres passionnés.

Laura : Gérer un compte pro et un compte perso, c’est très différent ?

Maëlle : Dans le fond, non, car le but reste de promouvoir un livre. Mais dans la forme, c’est totalement différent.

Sur le compte pro, il faut adapter le ton pour toucher les parents, être plus institutionnel, alors que sur mon compte perso, je peux être spontanée, donner mes avis de manière plus directe et utiliser mon propre langage.

[Pour Saltimbanque], il faut faire du contenu pour enfants, mais qui plaise au parents. Du coup, c’est un peu plus compliqué ».

Il y a aussi une différence de pression : sur un compte pro, il faut suivre une ligne éditoriale stricte et mesurer la portée des publications.

Lequel préfères-tu gérer ?

Mon compte perso, sans hésiter. La communication en maison d’édition, ce n’est pas ce que je préfère. Sur mon compte perso, j’ai plus de liberté et moins de pression sur la visibilité. Je ne suis pas contrainte par des validations et je peux poster quand et comme je veux.

Penses-tu que les réseaux sociaux influencent les ventes ?

Oui et non. Notre audience est limitée, donc l’impact sur les ventes est faible. Mais c’est indispensable pour la visibilité et pour les relations avec les librairies. En réalité, la plupart des ventes se font en librairie grâce aux mises en avant, et non directement via les réseaux sociaux. Toutefois, ils permettent de créer une image de marque et d’attirer de nouveaux lecteurs.

« Les réseaux sociaux, c’est plus la vitrine de notre travail, mais cela convertit très peu directement en ventes. »

Gérer un compte pro a-t-il changé ta vision des influenceurs ?

Oui, totalement. J’ai pris conscience du nombre de sollicitations que reçoivent les maisons d’édition. Maintenant, je réfléchis davantage avant de demander un service presse. Je comprends mieux les contraintes des éditeurs, notamment le fait qu’ils ne peuvent pas envoyer des livres à tout le monde.

As-tu des libertés sur ce que tu postes pour Saltimbanque ?

Non, tout doit être validé par mon alternante, Elisa. On prépare le planning un mois à l’avance, et elle valide chaque contenu. En cas d’urgence, j’ai une marge de manœuvre, mais c’est rare. C’est normal dans un cadre professionnel où l’image de l’entreprise est en jeu.

Et des limites ?

Il faut toujours rester diplomate. Je ne peux pas ignorer certaines demandes, même si je trouve un visuel moche, je dois le publier. Il y a aussi des règles à respecter en termes de ton et de présentation des publications.

Tu travailles combien de jours dans cette maison d’édition ?

Maëlle : 12 heures par semaine en distanciel, et environ une fois par mois sur place pour planifier le mois suivant et récupérer des livres pour les shootings. Mon travail est très flexible, je l’adapte en fonction de mes disponibilités.

Comment gères-tu ton temps entre les cours, le compte pro et ton compte perso ?

J’ai mis mon compte personnel en pause. Au début, je passais trop de temps sur le compte de la maison d’édition, au point de faire des heures sups non payées. J’ai réduit la cadence après Noël. Maintenant, je m’organise mieux pour ne pas sacrifier mon équilibre.

Tu te vois continuer dans la communication digitale ?

Peut-être, mais seulement si c’est pour une maison d’édition dont j’adore le catalogue, comme De Saxus ou Big Bang. J’aimerais travailler sur des livres qui me passionnent vraiment, et pas juste par obligation. Travailler pour un catalogue qui me correspondrait me permettrait d’être plus impliquée et enthousiaste dans mon travail.

photo de Maëlle, jeune femme souriante aux cheveux long et châtain

Maëlle Vergne est Community Manager, en CDD, pour la maison d’édition Saltimbanque. Elle est en parallèle étudiante à l’IUT Paris Rives-de-Seine en 2ème année de BUT Information – Communication parcours métiers du livre et du patrimoine.

À travers le témoignage de Maëlle, on comprend que le rôle de la communication digitale en maison d’édition va bien au-delà de la simple gestion des réseaux sociaux. Effectivement, il est primordial de construire une communauté engagée. Cela demande une stratégie adaptée, une bonne connaissance de sa cible et une grande réactivité face aux tendances du digital.

Cependant, cette mission s’accompagne aussi de défis : la pression des performances, la nécessité de jongler entre plusieurs tâches et la difficulté de maintenir une frontière entre vie professionnelle et personnelle. Finalement, ce métier exige autant de créativité que de rigueur, et son efficacité repose sur un équilibre subtil entre passion et contraintes du monde professionnel.

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Raphael Guillomeau, Laura Harel – Numériquement livre !