A la médiathèque de Vélizy-Villacoublay, Gabriel RAPHEL est le chargé du numérique depuis mars 2022. En tant que chargé du numérique, il s’occupe des ressources en ligne de la médiathèque et de l’espace numérique. Ainsi, à la suite d’une interview réalisée avec lui, je vais développer la place que prend le numérique dans une médiathèque.

⇒ Parlez-moi de la façon dont le numérique est arrivé à la médiathèque.

Le numérique à la médiathèque de Vélizy-Villacoublay est arrivé il y a 10 à 12 ans. Les ressources en ligne (le catalogue, les livres et films disponibles en ligne…) sont arrivées à la médiathèque en 2013 et les jeux vidéo il y a moins de 10 ans. Les premiers ateliers ont eu pour objectif de faire venir toutes les personnes qui travaillent dans la “tech”. Et depuis deux ans, la réalité virtuelle commence à y trouver sa place. 

“Un vendredi toutes les 3 semaines, on va faire un atelier de 2 heures de réalité virtuelle”

Le numérique s’est développé petit à petit à la médiathèque, en partie en fonction du budget de la ville et des décisions de cette dernière quant au numérique et à la culture.

⇒ Quels types d’ateliers proposez-vous à la médiathèque ? 

A la médiathèque, je propose des ateliers de loisirs créatifs sur les ordinateurs du laboratoire ainsi que des ateliers de graphisme, de montage vidéo, de code et des ateliers de découvertes de l’utilisation de l’IA. Je mets aussi en place des activités autour des jeux vidéo, que ce soient des tournois, des ateliers de création, ou des initiations pour les seniors. J’ai aussi mis en place un club de robotique qui participe à une compétition appelée la Lego League qui a lieu toutes les semaines.

Tous ces ateliers permettent une introduction aux outils du numérique et de la robotique, pour les jeunes comme pour les seniors. A la médiathèque, nous essayons de toucher tout le monde, ce qui signifie que, même si certaines activités sont destinées à des âges précis, tout le monde peut y participer. 

“J’aime trop les petits ateliers de loisirs créatifs numériques”

⇒ Est-ce que vous parvenez toujours à vous renouveler dans les activités ?

Certaines des activités proposées sont récurrentes, telles que les tournois de jeux vidéo qui ont lieu tous les vendredi des vacances scolaires. D’un autre côté, les ateliers de loisirs créatifs se déroulent tous les samedis, ce qui laisse souvent la place aux activités innovantes que nous proposons. 

Puisque cela fait trois ans que je renouvelle mes activités, j’ai ratissé un large périmètre d’activités. En conséquence, j’ai commencé à retravailler et recycler certaines des activités déjà faites. En général, je développe mes activités en fonction des idées qui me viennent ou en en m’inspirant d’autres médiathèques.

⇒ Y a-t-il de nombreuses personnes qui s’inscrivent à ces activités ?

Pour la grande majorité des activités, le nombre de personnes est limité, et, étant donné que les jauges sont généralement basses, les places sont toujours prises et notamment les activités dont les jeunes sont très friands.

Cependant, pour moi, l’enjeux est de parvenir à motiver les parents, les convaincre de l’intérêt que certaines activités qu’ils ne connaissent pas forcément peuvent avoir.

⇒ Pouvez-vous me raconter comment une séance de jeux vidéo se passe et ce que vous y faites avec les inscrits (jeunes comme seniors) ? 

Pour les tournois de jeux vidéo, les inscrits peuvent simplement entrer, s’installer et commencer le tournoi. 

“Les tournois de jeux vidéo sont toujours attendus”

En ce qui concerne le gaming pour les seniors, il faut davantage de préparation. Je commence par les installer sur un jeu où un seul tient la manette et les autres observent. Ils se passent ensuite la manette dans l’objectif de la prendre en main le plus aisément possible.

Pour les seniors, je mets donc en place différentes activités, pour une réelle introduction aux jeux vidéo. Sur la switch, je les fais jouer à des jeux de plateformes, qui sont des jeux d’adresse qui se fondent principalement sur une bonne coordination des mouvements. Les seniors qui maîtrisent déjà les interfaces et les interactions avec Google, je les lance sur l’ordinateur avec Geoguessr. Pour cette activité particulière, ce sont les seniors qui sont venus me voir pour me demander d’organiser un atelier dans l’objectif de jouer avec leurs enfants et petits-enfants. C’est ce qui est original et innovant.

“Le gaming senior est un atelier récurrent”

Enfin, il m’arrive de mettre en place des jeux communs à la manière d’un marathon. Je place une manette sur une table et toutes les personnes qui passent doivent se partager la manette pour faire avancer le jeu ensemble. Cela permet de mettre en relation enfants et adultes grâce à des jeux faciles à prendre en main et à comprendre. 

“J’aime bien cette idée de partage et d’aller au bout sur des jeux qui n’ont pas besoin d’être suivis. On a pas besoin d’avoir compris ce qui se passait avant, c’est des jeux qui sont pas compliqués à prendre en main, où tout le monde peut essayer de jouer”

⇒ Pourquoi accorder une si grande place au numérique dans la médiathèque ?

Selon moi, le labo numérique permet d’attirer davantage de jeunes, notamment des adolescents. Si la médiathèque ne suit pas l’actualité, les adolescents vont avoir plus de mal à entrer dans ces espaces. 

De plus, la médiathèque de Vélizy-Villacoublay met à disposition des ordinateurs, des imprimantes, ainsi que d’autres outils numériques qui sont en libre-service, ce qui permet de faire venir un grand public.

⇒ Pensez-vous que les personnes qui viennent pour ces activités comme les ateliers gaming, se rendent aussi à la médiathèque à l’étage du dessous ?

Les personnes qui se rendent dans le labo numérique ne vont pas toujours aller à la médiathèque, puisqu’ils ne vont pas forcément être attirés par cet aspect-là. Ce raisonnement fonctionne aussi dans l’autre sens. Mais ce n’est pas une généralité.

L’intérêt du labo, c’est qu’il permet d’offrir un aspect social puisque les jeunes vont pouvoir venir et jouer avec d’autres personnes, qu’ils connaissent ou non. Ils ne sont donc pas obligés d’aller à la médiathèque s’ils ne veulent pas.

⇒ Avez-vous des projets en tête pour le futur ?

Le projet qui me tient vraiment à cœur, c’est la création d’un groupe d’eSport entièrement féminin. L’eSport est une pratique qui se déroule sur internet ou en tournoi sur réseau local d’un jeu vidéo, seul ou en équipe, sur ordinateur ou sur console de jeux vidéo. Cette pratique est majoritairement représentée par des garçons. 

Ce groupe féminin permettrait d’attirer davantage de filles au labo ainsi que de leur offrir la possibilité de rejoindre un groupe féminin, ce dont elles n’ont pas forcément la possibilité. Mais ce projet reste encore à réaliser. 

“J’aimerais bien créer un groupe eSport si possible féminin, ça serait trop bien d’avoir des adolescentes qui se mettent à fond dans le jeux vidéo”

⇒ Pensez-vous que vos activités vont évoluer avec l’IA ou d’autres avancées technologiques ?

J’aimerais avoir la possibilité d’assister à des formations ou des journées d’études sur le sujet. Je pense que l’IA va nous aider pour la conception de certains projets. Cependant nos métiers (de bibliothécaires et de chargé du numérique) reposent en grande partie sur la relation, les recommandations, l’accompagnement et les interactions avec leurs visiteurs. Je pense que l’IA ne pourra pas améliorer cet aspect. 

⇒ Selon vous, est-ce que le numérique va petit à petit prendre plus de place dans la médiathèque ?

A Vélizy-Villacoublay, il y a le projet d’ouvrir une nouvelle médiathèque. Avec la directrice, nous réfléchissons à séquencer les usages. Nous souhaiterions avoir des espaces distincts pour accueillir davantage de personnes. Notre objectif serait d’avoir un espace dédié aux jeux vidéo, un espace pour les personnes qui souhaitent travailler et qui n’ont pas les outils chez eux, et un espace dédié aux loisirs créatifs. J’aimerais donc bien que le numérique prenne plus de place.

De plus, sachant que de moins en moins de personnes empruntent un DVD ou un CD, avoir davantage d’espaces permettrait de laisser plus de place à la médiathèque et donc d’avoir un meilleur agencement.

Pour moi, le numérique est une des directions qu’il faut prendre pour solliciter soit de l’espace soit du budget en plus pour le numérique et notamment par rapport au cinéma et à la musique.

⇒ Pensez-vous que l’arrivée et le développement du numérique amène à une baisse d’emprunt de divers supports (livres, DVD…) ?

Je ne pense pas que ce soit l’arrivée du numérique en médiathèque qui puisse conduire à une baisse d’emprunt, mais c’est l’arrivée du numérique partout et plus précisément avec les plateformes de streaming.

Je pense tout de même que la médiathèque peut avoir un rôle à jouer dans la diminution de ces types d’emprunts, puisque certains usagers utilisent la médiathèque numérique sans jamais se rendre sur place. Mais ces personnes ne viendraient probablement pas à la médiathèque de toute façon. 

Ainsi, pour Gabriel, le numérique a une place importante dans la médiathèque, sans pour autant qu’il ne remplace les rendez-vous liés à d’autres activités.

Biographie

Gabriel RAPHEL a fait des études de communication, suivies d’une licence information communication et médias numérique, et d’un master. Il s’est toujours bien senti en médiathèque et c’est pour cela qu’il a choisi de postuler pour le poste du numérique à Vélizy-Villacoublay. La médiathèque l’a immédiatement pris, intéressée par son profil qui n’était pas un profil de bibliothécaire « classique ». 

Ainsi, depuis mars 2022, il est chargé du numérique à la médiathèque. Ses missions consistent à gérer les ressources en ligne. Ces ressources peuvent être celles de la médiathèque ou de l’espace numérique. L’espace numérique correspond au labo numérique, un espace uniquement dédié au numérique dans la médiathèque, avec des ordinateurs, des consoles de jeux, des imprimantes…

Toutes ses missions ne sont pas forcément liées au numérique, puisqu’il s’occupe aussi de missions propres à une médiathèque telles que la gestion des rayons ou la relation avec les usagers.

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Daphné RIVOLLET  – Numériquement livre

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