Il y a peu de librairies sur l’Ile de Ré. La plupart des villages n’en ont pas, d’autres se contentent du bureau de tabac-presse ou du rayon livres des hypermarchés. « Les Plages » a ouvert en 2022, la première librairie de l’histoire du village de Rivedoux.
Cette dernière est gérée par Pascale Thomas, ancienne ingénieure du bâtiment reconvertie depuis peu dans le métier de libraire. Au travers de cette interview, elle nous explique les difficultés qu’elle a pu rencontrer et comment elle organise la communication de sa librairie.
Bonjour Pascale. Cette interview vise à se pencher sur votre librairie et sur vos stratégies de communication, notamment numérique. Mais d’abord, comment avez-vous choisi le nom de votre librairie ?
Disons que ça m’est paru évident que ma librairie devait s’appeler « Les Plages », puisque que ça renvoyait d’abord aux plages de notre village, mais aussi au fait que les plages sont quelques choses qu’on retrouve partout dans le monde, et que ce sont des endroits ou ont prend du temps pour soi et pour lire, avec les fameuses « plages de lecture ».
Donc c’était vraiment pour le coté universel des plages que vous avez choisi ce nom ?
Oui, et aussi le fait que je suis entre la plage nord et sud du village, donc je suis un peu au carrefour des plages, donc il y a aussi une dimension géographique dans le nom de ma librairie.
Concernant votre librairie, qui est donc une librairie généraliste, qu’est ce qui la différencie des autres librairies qu’on peut trouver ailleurs ?
Vous savez, pour moi toutes les librairies généralistes sont différentes, mais s’il fallait noter une petite différence, je dirais que c’est le fait que j’essaye d’en faire une grande librairie avec seulement 42 mètres carrés, en proposant le plus de choix possible, comme le ferait une « grande librairie ».
Si le fait de disposer d’un large choix est une des valeurs de votre librairie, quelles autres valeurs la définissent selon vous ?
L’ouverture principalement, le fait d’être une librairie accueillante et ouverte à tout le monde. Je me souviens de certaines librairies ou les gens n’osaient pas entrer. Dans la mienne je fais en sorte que les gens se sentent bien et que la porte soit ouverte à tous et donne envie de venir, même si ça ne doit être que pour flâner ou regarder. Ça et l’ouverture sur le monde, en proposant à la fois des grands titres que tout le monde lit et de la littérature étrangère et de voyage pour vraiment permettre de s’évader.
En dehors des bureaux de tabacs et du rayon livre du Super U, vous êtes la seule librairie de Rivedoux-Plage. Qu’est-ce que cela implique ?
Eh bien c’est un petit peu pour ça que j’ai créé cette librairie, parce que nous n’avions pas encore de véritable librairie, et ça me paraissait important que notre village puisse enfin disposer d’un lieu véritablement dédié au livre toute l’année. Concernant ce que ça implique, j’essaye de participer au maximum à la vie culturelle du village en organisant des dédicaces et des rencontres avec des auteurs, et en répondant présent quand on me sollicite que ce soit l’école ou la mairie. Mais on pourra en reparler un petit peu plus tard si vous voulez.
Depuis combien de temps existez-vous ?
Ça va faire un tout petit peu plus de deux ans, donc c’est encore tout nouveau.
Êtes-vous en concurrence avec d’autres librairies de l’Ile de Ré, ou pas vraiment ?
Pas vraiment. Au-delà des bureaux de presse, il y a en tout sur l’île deux librairies indépendantes, une à La Couarde et une à Saint-Martin. Celle de Saint-Martin vient, hélas, de fermer début janvier, donc il n’y a pas vraiment de concurrence entre nous. Avant que je n’ouvre, les gens du village ou nous sommes se rendaient à La Rochelle dans des lieux comme Leclerc Culture ou Cultura. Ce pouvait être très long pour traverser le pont et revenir. Donc, j’ai plutôt offert au village un lieu qu’il n’avait pas. Je n’ai pas fait de la concurrence aux grands lieux culturels rochelais.
Quel est le public principal de votre librairie ?
Géographiquement, ce sont les habitants de Rivedoux-Plage, mais aussi quelques clients des villages voisins de Sainte-Marie et de la Flotte. En termes de tranche d’âge, j’ai beaucoup de retraités qui habitent ici toute l’année, et parfois leurs petits-enfants (d’où le rayon jeunesse qui marche plutôt bien). Puis viennent les familles du village, les enfants de l’école juste en face, surtout quand viennent les cadeaux d’anniversaire à faire. Le seul public que je ne retrouve pas vraiment dans ma librairie, ce sont les adolescents. Ca reflète plutôt bien la population de Rivedoux, quelque part.
Et pendant les périodes chargées ?
Pendant les périodes chargés des vacances d’été, notamment entre le 14 Juillet et le 15 Août, pas mal de touristes et quelques habitués qui viennent tous les ans.
Comment faites-vous pour fidéliser votre clientèle ?
Je n’ai pas de carte fidélité, pas encore du moins. sinon j’essaye de fidéliser les gens en les accueillant bien et en proposant des horaires d’ouvertures assez importantes toute l’année, et en échangeant avec eux sur quels livres ils voudraient lire ou sont en train de lire, pour répondre à leurs demandes et leur en proposer d’autres. Donc j’essaye vraiment plus de fidéliser les gens avec ma qualité de service plutôt qu’avec des cartes de fidélité.
Quel genre d’événement organisez-vous ?
Pour l’instant, dans la librairie, je n’ai fait que des dédicaces et quelques fois des anniversaires pour les plus petits. Comme ce n’est que la deuxième année depuis l’ouverture, je n’ai pas encore eu le temps de faire grand-chose. J’aimerais plus tard organiser des petits ateliers lecture pour les plus jeunes. Et sinon, j’ai vendu des livres au Festival des Insectes organisé par la mairie de Rivedoux-Plage, et également vendu des livres à un petit stand lors du dernier Festival du film d’Aventure, mais cette fois à La Rochelle.
Le Festival du Film d’Aventure, c’est l’événement le plus important auquel vous ayez participé jusqu’ici ?
Oui, très clairement.
Nous entrons dans la partie communication de cette interview. Comment communiquez-vous sur les actualités de votre librairie ?
Principalement sur les réseaux sociaux, donc Instagram et Facebook. Je mets les nouvelles sorties et les actualités de la librairie. Je pose des affiches dans le village, et parfois je publie dans la page des annonces de notre journal, Le Phare de Ré. Plus globalement, j’échange avec les personnes qui viennent à la librairie, je les tiens au courant des actualités… Prochainement je vais essayer de faire une newsletter.
Votre site linktree joue-t-il un rôle important dans la communication de votre librairie ?
Honnêtement, à part donner accès au site des librairies indépendantes où les gens peuvent commander des livres et venir les récupérer ici, il ne joue pas un rôle aussi important que les réseaux sociaux ou les affiches. Parfois même les gens me téléphonent directement plutôt que de passer par ce site pour commander leurs livres.
Avez-vous déjà mené une campagne de publicité en ligne pour votre librairie ?
Non, jamais. La seule insertion publicitaire que j’ai faite, c’était pour l’ouverture dans le magazine Ré à la Une.
Vos clients vous contactent-ils en ligne ?
Pas tant que ça. Comme dit précédemment, soit ils viennent d’eux-mêmes, soit ils me téléphonent.
Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier ? Vous avez toujours voulu le faire ?
Non, c’est une reconversion, donc c’était il n’y a pas très longtemps. Ce que je préfère, je dirais : le contact client, avant tout. Recommander un livre à quelqu’un et le voir revenir me dire qu’il l’a adoré. Cela suffit à me faire ma journée, ça me rend très heureuse. Quand ça s’anime, que les clients se recommandent des livres entre eux, j’aime beaucoup ça aussi.
Qu’est ce qui est le plus lassant ? Qu’est-ce que vous détestez le plus ?
ll n’y a rien que je déteste. Mais si il y a quelque chose qui est lassant, ou du moins chronophage, ce serait la logistique. Déballer les cartons de livres, les enregistrer, les envoyer. Cela prend beaucoup de temps.
Comment vous est venue l’idée d’ouvrir une librairie généraliste, et pourquoi ici ?
Avant, j’avais fait une formation en ingénieure du bâtiment pour travailler dans des grands groupes du BTP, puis j’ai eu l’envie de monter ma propre affaire. L’occasion c’est « concrétisée » au moment ou j’ai été virée. Si j’ai choisi Rivedoux, c’est parce que j’y ai des attaches familiales et que j’ai passé beaucoup de temps dans ce village au cours de ma vie. Donc, c’était une évidence de m’installer ici. J’ai cherché d’autres endroits mais quand le local de Rivedoux s’est libéré, je n’ai pas hésité et j’ai foncé. Et maintenant j’habite véritablement ici, donc c’est encore mieux.
Quelles études avez-vous faites pour parvenir à faire ce métier ?
J’ai fait une formation à l’École de la Librairie, l’INFL, « créer ou reprendre une librairie », après mon licenciement. C’est une formation pour les gens en reconversion, pour apprendre le métier de libraire et la gestion d’entreprise. En tout, la formation dure cinq semaines, entrecoupées de périodes de stages.
Comment imaginez-vous votre librairie à l’avenir ?
Pour l’instant, je suis encore dans mon plan prévisionnel de 3 ans depuis l’ouverture. Donc, pour l’instant, le projet est de conforter le démarrage et de me développer encore un peu. Plus tard avoir au moins un libraire avec moi, pour me permettre de souffler un peu et organiser plus d’événements.
Nous arrivons à la fin de cette interview. Merci encore d’avoir accepté. J’espère que nous nous reverrons bientôt. Merci encore.
Le plaisir était pour moi. À une prochaine.
FARINE-COTTET
Martin